"Dans l'espace,
personne ne vous entend crier" affirmait
le slogan du film...
Et dans une salle de cinéma ?
ALIEN
commence comme un classique film de Science-Fiction (style
2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE) avant de tourner au
suspense horrifique et de devenir un des plus grands classiques
du genre.
Qu'est-ce qui
nous effraie donc tant dans ALIEN ? Peut-être le
fait que la créature meurtrière soit engendrée, au sens
physiologique, charnel du terme, par l'Homme. La scène
où le monstre s'extraie de la poitrine de KANE n'est-elle
pas restée la plus célèbre, sorte d'estampille de l'oeuvre
? La plus traumatisante aussi. L'Alien ne s'est
pas "caché" ni réfugié en l'homme, il a bel et bien été
pondu, engendré en lui, par lui. Il est le fruit de ses
entrailles.
Sa transformation, d'une rapidité
stupéfiante, son adaptation à l'entourage, doublé d'une
intelligence que l'on devine aigüe, nous le rend aussi
effrayant que fascinant.
Autre source de notre terreur: la claustrophobie dans
laquelle nous enferme la mise en scène de Ridley SCOTT.
Nous étouffons dans ce huis-clos bâti sur les règles de
la tragédie: unité de lieu, de temps et d'action...
La réalisation
de Ridley SCOTT, parfaitement maîtrisée, s'appuie sur
les extraordinaires décors sortis de l'imaginaire de Ron
COBB mais aussi du peintre surréaliste suisse H.R. GIGER
et du dessinateur français MOEBIUS. On se souviendra longtemps
des formes gothiques de l'incroyable carcasse de vaisseau
spatial découvert sur la lointaine planète d'où sera importé
l'Alien.
Le NOSTROMO lui-même, avec ses dédales,
ses recoins et son "bain" de lumière bleue (qui deviendra
incontournable de toute future production "à suspense")
participe étroitement à l'atmosphère dégagée par le film.
Les très rares
et brèves apparitions du monstre
constituent un autre atout du film. Si un plan prolongé
de quelques secondes nous permet de bien voir le monstre
nouveau-né tout juste sorti de la poitrine de KANE, par
contre, il n'apparaît plus, une fois adulte, que de manière
fugitive. Et cette fugacité même, des plans de double
mâchoires aux dents d'acier bavantes, renforce
notre peur.
Ajoutons encore
l'extraordinaire efficacité de la musique
composée par Jerry GOLDSMITH dont le thème se fond dans
dans la 2ème symphonie de Howard HANSON.
Ridley SCOTT
confia que ce qui l'avait intéressé dans ce film était de montrer un groupe
(l'équipage) aux prises avec une agression d'abord très
concrète puis, de par sa mutation incessante, de plus
en plus abstraite, irrationnelle, et proprement terrorisante...
Mission parfaitement accomplie, si l'on ose dire...
ALIEN,le 8ème
passager aura trois suites, dont aucune ne sera décevante:
ALIENS, LE RETOUR (Aliens, de James
CAMERON, 1986), tout à fait remarquable, beaucoup plus
violent que le premier épisode...
ALIEN 3 (lire "Alien cube",
de David FINCHER, 1992) où RIPLEY se trouve enceinte d'un
Alien. Sans doute l'épisode le moins réussi, même
s'il reste de bonne qualité...
Enfin, ALIEN, LA RESURRECTION, réalisé
par le Français Jean-Pierre JEUNET (1998), remarquable,
du niveau des deux premiers opus...
Le succès phénoménal
d'ALIEN (si souvent imité mais jamais égalé) doit
bien sûr beaucoup au personnage de
Ellen RIPLEY et de son interprète,
Sigourney WEAVER. Jamais, avant ALIEN, on n'avait
vu une femme se battre ainsi. Le film prend d'ailleurs
toute son ampleur à partir du moment où RIPLEY reste seule
à affronter la créature extra-terrestre. Le personnage
a "vampirisé" la série et on ne saurait imaginer un nouvel
épisode (qui semble inévitable) sans RIPLEY et sans Sigourney
WEAVER qui rêve, dit-on de réaliser elle-même un épisode
de la saga "Alien". Normal. Qui connait la créature
mieux qu'elle ?